Bruxelles, mercredi 12 décembre 2018
Procès de la Solidarité : un procès pour rien ?
Ce mercredi 12 décembre, le tribunal de Première Instance de Bruxelles rendait son verdict dans le cadre du « Procès de la solidarité ». Nombreux étaient les citoyen.ne.s, collectifs et associations présents au tribunal pour soutenir les inculpés d’un procès dont la teneur politique avait largement été démontrée durant les audiences de novembre. Pour rappel, onze personnes étaient accusées de trafic d’être humains et de participation à une organisation criminelle. Après des mois d’enquêtes judiciaires à charge, voilà les uns acquittés, les autres condamnés avec sursis.
Alors que le Parquet s’était donné pour mission de définir la « ligne rouge » à ne pas dépasser dans la solidarité, ce procès a plutôt réaffirmé une frontière déjà bien existante dans notre société : celle qui distingue citoyen.ne.s hébergeur.se.s et étranger.e.s migrant.e.s. Si la solidarité des premièr.e.s est bien reconnue – n’en déplaise à Myria – celle des migrant.e.s reste aujourd’hui criminalisée. Ces derniers ayant été condamnés à des amendes surréalistes allant de 40.000 à 360.000 €.
Mais cette distinction cache une autre frontière, celle entre victimes et passeurs, qui est de toute évidence bien plus floue que le Parquet ne l’estime. Celle-là même qui sert à légitimer la répression des migrants par les gouvernements européens depuis des années, et celle des citoyen.ne.s solidaires aujourd’hui. Premièrement, pendant le procès, la parole des 95 supposées victimes n a jamais été entendue. Deuxièmement, la juge a rappelé que l’avantage patrimonial acquis par les inculpés – les soit-disants passeurs – avait uniquement pour objectif leur futur passage au Royaume-Uni. Seraient-ils alors qualifiés de victimes ? Enfin, ces avantages – par ailleurs « peu conséquents, de quelques centaines d euros » – ne font pas l’objet de confiscation, reconnaissant ainsi l’absence d enrichissement personnel de la part des migrants condamnés.
« Un procès pour l’exemple, un procès pour faire peur »
Alors, ce procès pour quoi ? Des arrestations nocturnes brutales, des détentions préventives jusqu à 13 mois, des traitements discriminants et des procédures extrêmement couteuses, simplement justifiées sur base d’écoutes téléphoniques et de transcriptions remplies d’erreurs de traduction. Combien de ressources publiques le gouvernement et l’administration sont-ils prêts à investir pour développer leur entreprise de peur ? Ce procès fut un procès politique d’intimidation qui visait à faire peur aux personnes en exil, en les traquant, les malmenant, les enfermant. Faire peur à la population belge en association la migration à une menace. Faire peur enfin aux personnes solidaires en tentant de les criminaliser.
La brutalité de nos représentants envers la solidarité dans ce procès n’est pas un cas isolé, elle fait largement écho à la situation de nombreux pays en Europe dans lesquels de tels procès se développent depuis quelques années, ajoutant un élément au continuum sécuritaire des politiques migratoires.
La solidarité envers les personnes migrantes n’est pas un crime, la solidarité entre migrants non plus. La solidarité est toujours positive, indispensable au lien social. Chacun.e y a droit. Il n’existe pas de personnes illégales. Juste des personnes en situation illégale, faute de régularisation, de voies légales et sûres pour la migration, d’endroits pour vivre librement. Qu’ils ou elles soient sans domicile fixe, sans emploi, sans titre de séjour, sans statut de réfugié, sans papier, il n’existe pas de sous-citoyens, comme nous l’avons affirmé, il y a tout juste 70 ans, lors de la rédaction de la Déclaration universelle des droits humains.
Quand bien même les nationalistes et les extrémistes s’opposeraient à la migration, les citoyens leur répondront toujours par la solidarité.
Le Collectif « Solidarity is not a crime ».
Plus d’informations sur le procès sur notre site.
Parce que ce procès a aussi fragilisé financièrement les inculpés, vous pouvez participer au growdfunding.
Nous vous donnons rendez-vous à la soirée de soutien, vendredi 14 décembre à l’Uzinne à partir de 19h.
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